Ci-dessous un texte que j’ai écrit à mon retour d’Ardèche en septembre 2020. Je voulais le partager avec vous afin que vous compreniez
« Si je t’écris aujourd’hui, c’est qu’hier je t’ai quitté et que j’ai encore une fois beaucoup pleuré et je voulais t’expliquer pourquoi.
Il y a 20 ans on m’a privé de toi.
Pendant 20 ans je me suis privée de toi. J’ai beaucoup pleuré en pensant à toi. Puis j’ai arrêté de pleurer. Ma tristesse est passée et s’est transformée en je ne sais quoi. Je pensais que c’était de l’indifférence. Mais non ce n’était pas ça. Pendant toutes ces années loin de toi, j’ai beaucoup voyagé à travers le monde et à 3 reprises j’ai pensé à toi.
La première fois, c’était en Italie, dans les hauteurs du lac de Come. Un petit hameau en pierre. Il y avait même des chiens qui aboyaient comme ces chiens qui m’ont tant fait peur à Pruneyrolles.

La 2ème fois c’était en Croatie dans une hameau en ruines perché sur une île.

Et la dernière fois, dans une contrée lointaine en Colombie mais cette fois ci pas dans un hameau mais y avait un je ne sais quoi ardéchois.

Ces 3 moments resteront à jamais gravé dans ma mémoire. Je crois que je m’étais résignée à ne plus te revoir pensant que c’était le mieux pour moi.
Et aujourd’hui me revoilà. J’ai pris cette décision il y a près d’un an. J’ai comme eu un déclic. Il fallait que je revienne vers toi. J’ai aussi décidé de vendre mon appartement. Peut-être y a-t-il un lien ? Si oui je ne l’ai pas encore trouvé.
Je suis venue une 1ère fois en juin dernier avec mes parents. Tu m’as fait le plus beau des cadeaux : tu n’as pas changée au cours de ces 20 ans, l’homme ne t’a pas défiguré (pas encore).Tout m’était tellement familier comme si je n’étais jamais partie. La rivière est incroyablement pure, pas de plastiques qui traine. J’ai fait de belles découvertes.
Je suis retournée sur certains lieux qui ont marqué mon enfance. Pendant ce périple, je n’avais qu’une idée en tête : revenir avec comme objectif de mieux te connaître. Je n’étais pas triste de te quitter, peut-être en partie que je savais que j’allais te revoir bientôt.
Je suis donc revenue quelques semaines plus tard, seule cette fois-ci pour près de 15 jours toujours dans l’optique de continuer à te découvrir mais mon objectif a vite été contrarié. Pas parce que tu m’as déçue, bien au contraire.
J’ai alors pris conscience que je n’éprouvais ni l’envie ni le besoin d’en savoir plus sur toi. Ce que je connais me satisfaisait pleinement. Plusieurs éléments que l’on peut qualifier d’anodins m’ont fait changer ma trajectoire.
Tout d’abord, le gîte où je logeais, il me faisait tellement penser à ma maison sur la montagne. Pas par son architecture, ni même par sa décoration. Il y avait autre chose. Un soir en fermant la fenêtre de la chambre, je me suis dit, « tiens on dirait la même fenêtre que dans le dortoir ». Je suis alors sortie de la chambre, je suis arrivée au niveau de l’escalier, j’avais en face de moi une porte vitrée, et j’ai commencé à descendre et là je ne sais pas ce qu’il s’est passé mais ca sentait ma chère maison. Un grincement m’a « réveillée » et l’odeur est partie. Ou alors cette sensation vient de cette petite araignée qui se baladait dans les toilettes. Il me manquait que les spirou. Je m’y sentais bien, très bien, trop bien.
Ensuite, je passais souvent devant la maison de Vals, vendue après la mort de mon grand père. De nombreux souvenirs sont remontés à la surface ; cette piscine souvent vide, ces bambous au fond du jardin, …. Je crois que malgré tout j’étais très attachée à cette maison même si elle n’avait pas (et n’a toujours pas) le charme des maisons ardéchoises.
Je pense être en mesure de la décrire avec certes des inexactitudes pourtant je n’avais que 8 ans lorsque j’y suis retournée pour la dernière fois. Les propriétaires, un couple de retraités, ont réaménagé le jardin qui mène à la baignade : il y a maintenant un terrain de boules et un jardinet, le reste est une forêt de bambous. Je crois que j’aimerais bien pouvoir y retourner à cette baignade. Peut-être qu’un jour j’aurais le courage de demander aux propriétaires.
Et enfin, j’ai retrouvé la baignade, le moment clé de mes étés.20 ans que je ne m’étais pas baignée dans tes eaux glacées. Là encore, les souvenirs sont remontés. Même le morceau de pain avec du chocolat avait le même goût.
Et me voilà en voiture après presque 15 jours ici, chez moi en Ardèche, le cœur lourd. Le ciel, si bleu, était particulièrement clément ce qui a rendu mon départ si difficile.
Ces vacances ont été un trop plein d’émotions, qui, après réflexion at été amorcé en juin. Une chose est sûre c’est que je n’ai pas fait le deuil de mon enfance en Ardèche. C’est peine perdue. Mes souvenirs sont là et c’est aussi bien comme ça.Ce sont des souvenirs heureux.
Ce dont j’ai besoin aujourd’hui ? De me recréer de nouveaux souvenirs, de nouvelles habitudes dans un nouveau chez moi, en famille ou seule. Sans cela, j’aurais toujours l’impression que ça sera la dernière fois que je viens et je serais toujours triste de te quitter car je n’aurais rien à me raccrocher.
Je suis née ici, j’ai grandi ici. Je ne veux plus être une étrangère. Je suis une ardéchoise. Mon équilibre est ici. »